15 mois que j’ai fait mon AVC qui a paralysé mon côté gauche et m´a fait devenir nouvellement handicapé.
Le message des médecins au départ était séduisant et encourageant en me disant que si je travaillais ma neuro plasticité j’aurai des chances de tout récupérer ma mobilité alors j’ai voulu y croire et j’ai mis beaucoup d’espoir et d’efforts dans le processus de rééducation qui a lentement glissé vers l’idée que tous les cas d’AVC sont différents et que je ne récupérerai probablement pas tout, conservant ce lourd handicap à vie…. Mais le pire restait à venir… sur les conseils d’une amie je suis partis faire un séjour d’un mois complet dans un des centres étant considéré parmi les meilleurs de France pour l’AVC à Granville la où j’ai rencontrés le docteur Sanou qui après 1 semaine d’évaluation m’a dit que je suis rentré dans la phase des séquelles irrécupérables et qui m’a fait comprendre que le carottes étaient cuites…En d’autres mots, le bras est paralysé à vie et il faut que mon entourage arrête de m’encourager à atteindre des objectifs impossibles. À ce point là je tombe de très haut et je perd le peu d’espoir auxquels je m’accrochais encore. Que me reste t’il de cette vie merveilleuse que je m’étais construit et qui s’est brisée en quelques minutes ? Plus grand chose à vrai dire si ce n’est la satisfaction d’avoir accompli un rêve et de l’avoir vécu. C’est déjà grand je trouve et peu d’entre nous le font.
Reste tout le discours et le bla-bla médical sur l’acceptation du deuil de soi et la possibilité de vivre une vie heureuse d’handicapé adaptée dans un monde qui n’a pas été conçu pour nous… ça donne pas vraiment envie… l’horreur même… aux antipodes de mon idéal de vie d’avant… c’est physiquement inhumain d’avoir aimé la vie autant que moi pour devoir être forcé de subir cette torture horrible… j’aurai voulu avoir trouvé la force d’écrire un livre dans lequel je raconte mon histoire avec une issue joyeuse mais ça ne sera pas possible à ce point. Le médecin a demandé à mes proches d’arrêter de me pousser à récupérer l’irrécupérable… ça part d’un bon sentiment mais finit par me traumatiser autant que cela me culpabilise… j’ai tellement aimé les voyages, l’aventure et la découverte que cette issue me terrifie…
Le SSR Normandy à Granville
Bref je suis venu dans ce centre avec encore quelques espoirs et je vais en partir sans aucune amelioration avec un sentiment terrible de desespoir encore pire que ce que j’avais pu connaître avant.
Un dernier message pour conclure :
Si vous êtes en bonne santé profitez de votre vie un maximum vu que vous ne savez pas ce qui peut vous arriver et que vous pouvez, comme moi, réaliser que vous avez vécu le meilleur de votre vie avant et qu’il n’y a pas de retour en arrière possible….
La vie ne vaut que si elle est vecue !
Bref si les choses étaient simples j’aurais envie de vivre mon dernier voyage sans tristesse et sans regrets avec en moi un sentiment d’avoir vécu une belle vie et que tout a une fin un jour. Et pour moi qui aime les voyages. Je voudrais que mon entourage comprenne aussi, qu’il comprenne que ma nouvelle vie pseudo adaptée est un vrai cauchemar….
Triste ? Non… ce qui aurait été triste aurait de ne pas avoir vécu la vie de rêve que j’ai eu.
Le sujet est tabou et très facile à juger par les gens en bonne santé que je représentais avant mais si notre vie nous appartient notre issue devrait aussi alors j’ose aborder le sujet ici sans complexe.
